Une catastrophe qui s’étend dans le temps et dans l'espace

     Les régions proches de Tchernobyl ont été véritablement très touchées. En effet, l'accident fut au départ mal géré, et des milliers de personnes sont touchées par les radiations.

1) Des conséquences sociales irréversibles

          A) Témoignage: les supplications

     Le livre Les Supplications est un recueil de témoignages sur la catastrophe de Tchernobyl. Ainsi, beaucoup de personnes ont pu faire part de leurs craintes et impressions face à cette catastrophe.
     Nous avons relevé deux citations de ce livre, qui témoignent de la fatalité de cet accident.


"Personne ne trouve les mots qui me feraient répondre. Dans ma langue à moi... Personne ne comprend d'où je suis revenu..  Et il m'est impossible de le raconter ! [...] J'ai vu agoniser un ami. Il a gonflé. Il est devenu énorme, comme un tonneau... Et un voisin. Il était là-bas lui aussi. Opérateur d'une grue. Il est devenu tout noir et a rétréci jusqu'à la taille d'un enfant. Je ne sais pas comment je vais mourir, je sais juste que ma vie ne sera pas longue avec ce que j'ai."  Liquidateur Anonyme

     Les liquidateurs, incompris ne peuvent se plaindre, ils n'ont pas été prévenu set n'ont pas réalisé le danger que représentaient les radiations. Ainsi, des dizaines de milliers de liquidateurs sont dans ce cas, et sont dans l'obligation de succomber en silence, dans la peur... (Nous verrons cela dans le B)


"La peau des bras et des jambes se fissurait... Tout le corps se couvrait d'ampoules [...] Quelqu'un m'exhorte : " Vous ne devez pas oublier que ce n'est plus votre mari, l'être aimé qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec un fort taux de contamination. Vous n'êtes pas suicidaire. Prenez-vous en main !"  Elena Ignatenko



     C'est une image très forte que nous livre ici cette femme. En effet, elle nous décrit la transformation progressive des irradiés en "monstres" aux yeux de la population. Ces personnes contaminées sont fuies de la population, certains croient même que ce mal est contagieux. Or, à part en ayant un enfant, aucune des ces anomalies ne sont transmissibles. Et cette femme a été prévenue que son mari n'est plus qu'un objet radioactif qui pourrait la contaminé, mais c'est faux. C'est la preuve que la population est mal informée et très peu compréhensive face à ces personnes ayant subi des mutations dues aux radiations.

          B) Des dangers incompris par la population 

     Pour illustrer cette incompréhension des dangers, nous allons nous baser sur la situation du site en 1993, soit 7 ans après l'accident.
     Le 26 avril 1986, la centrale nucléaire de Tchernobyl explose. Toute la population est affolée , même si elle ne comprend pas encore les conséquences qui vont suivre l'accident. Il faut vite la reloger, même si les radiations se propagent vite. Mais il est très difficile d'avoir des évaluations précises. Les données recueillies sont souvent lacunaires voire contradictoires. On pourrait même dire que l'une des caractéristiques de cet accident est que l'absence de visibilité complète quant aux conséquences. Il convient de noter, par exemple, le caractère contradictoire des évaluations concernant le nombre de morts directement ou indirectement liés à l'accident nucléaire de Tchernobyl. Ce défaut est d'ailleurs clairement ressenti par les populations et n'est pas sans conséquence au plan psychique et social. Un sentiment de flou et d'incertain domine les évaluations.

     Beaucoup d'ukrainiens ont du être relogés directement. Mais, selon une étude menée par le Ministère des Statistiques d'Ukraine, beaucoup d'habitants étaient encore présents dans les zones irradiées, notamment dans la 2éme zone , qui devait bénéficier d'un relogement, en vertu de la loi. En pratique, le système défini par la loi n'instaure un relogement systématique et obligatoire que sur les territoires où la dose annuelle est supérieure à 5 mSv/an, mais pourtant, en 1993, encore 30 000 personnes vivent dans cette zone. 2 autres zones ont été mises en place, et bénéficient d'une surveillance, mais pourtant, au total, ce sont plus de 2 millions de personnes qui vivent des ces zones, d'après l'étude concernée. Voici un récapitulatif des 4 zones mises en évidence par le gouvernement Ukrainien:

Zone 1: Zone d'isolement (Tous relogés en 1986)
Zone 2: Relogement inconditionnel (Devraient être relogés) Dose de radiations: >5 mSv/an
Zone 3: Relogement bénévole Dose de radiations: >1 mSv/an
Zone 4: Contrôle radiologique strict Dose de radiations: =< 1 mSv/an

     Voici un tableau recensant le nombre de personnes vivant dans les différentes zones, dont les enfants de 0 à 14 ans, très sensibles aux radiations.


(Cliquez pour agrandir) 




     Les effets de Tchernobyl les plus importants restent les effets sociaux. 7 millions de personnes vivent dans un rayon de 300 kilomètres autour de la centrale. Ces effets sont indirects, et proviennent de l'information mensongère et contradictoire, des mauvaises mesures de protection, et aux changements de gouvernements dû à l'effondrement de l'URSS.

     Voici une carte illustrant le taux de radiations en Ukraine et en Biélorussie, en délimitant la zone interdite:

(Cliquez pour agrandir)

     Les habitants de cette zone de Tchernobyl subissent des discriminations sociales (car ils sont considérés comme pestiférés) Les effets
psychiques se traduisent par anxiété, stress, angoisse chronique, attitude fataliste, apathie,
insomnie, dépression, épuisement, effets psychosomatiques, état de santé déficient, taux élevé
d’alcoolisme et de suicide... Ils vivent là bas un véritable enfer.

          C) Les liquidateurs: étude de cas

     Les 200 000 personnes qui sont allées décontaminer la zone n'étaient pour la plupart guère au courant du danger auquel ils encouraient. Ainsi, des milliers de jeunes hommes se sont portés volontaires, dans savoir ce qu'ils allaient affronter.
     Nous allons voir dans ce reportage le témoignage de liquidateurs « volontaires » russes. En réalité, on leur a caché la dangerosité de l'acte auquel ils avaient décidé de participé.




     Dans cette vidéo, nous pouvons voir que ces hommes ont été endoctrinés et ont été tenus à l'écart de toute information, on peut dire qu'ils ont été sacrifiés. De plus, au lieu de recevoir la reconnaissance qui leur est due, l'État refuse de leur reverser des pensions, et laisse des milliers d'hommes malades ou des enfants handicapés sans aide. Ils ont ainsi été injustement trahis.


2) Les maladies liées au nuage radioactif

     On dénombre de nombreuses maladies liées à la radioactivité. Les rayonnements ionisants sont la cause des problèmes. Les atomes instables rejetés dans l'atmosphère créent des rayons alpha, bêta et gamma. Ce sont les rayons gamma qui sont absorbés par le corps, et qui peuvent provoquer des mutations dans les cellules du corps.
     En effet, suite à l'accident, les gens ont été exposés à l'irradiation de plusieurs manières :
directement par le nuage radioactif et les substances radioactives déposées sur le sol
indirectement à travers l'air inhalé qui est contaminé ainsi que les aliments contaminés consommés comme le lait des vaches, donné aux enfants, et contenant de l'iode 131 très radioactif.



          A) Les enfants: premières victimes des radiations - cas général
  
     Les enfants, ayant un corps qui n'est pas encore totalement développé, sont plus réceptifs aux radiations. Ainsi, on assiste à des déformations très graves:


(Cliquer sur une image pour agrandir)

Photos des « enfants de Tchernobyl » prises dans la rue (1), des hôpitaux (2), des foyers (3,6), asiles (4,5) et orphelinat (7)

     Tous ces enfants sont atteints de maladies plus graves les unes que les autres : excroissances, absence de système lymphatique, terreurs. Ainsi, les dommages peuvent être aussi physiques (cancers, excroissances...) que psychologiques (terreurs...). Beaucoup de ces enfants vont être rejetés, des suites de leurs mutations.

     Chez les embryons, le développement étant encore en cours, toute petite modification peut s'avérer très importante. Ainsi, les embryons sont beaucoup plus sensibles aux radiations, et une femme enceinte vivant dans la zone contaminée risque fort d'avoir un enfant handicapé, ou pire. Les radiations pouvant affecter les gènes « architectes » (Gènes qui permettent la conformation spatiale du corps.), l'enfant risque fort de mourir ou d'avoir le corps désorganisé.

          B) Le cancer de la thyroïde


     La thyroïde est une glande située dans al partie antérieure du cou. Elle secrète des hormones grâce à l'iode présent dans le sang. Ces hormones permettent de stimuler les métabolismes lipidiques, glucidiques et protidique, et surtout la croissance. Ainsi, un dysfonctionnement de cette glande perturbe considérablement le métabolisme du corps.
     Le cancer de la thyroïde est la maladie la plus répandue causée par l'accident. Et pour cause, l'iode 131, isotope radioactif de l'iode est rejeté dans l'air. Les inhalations d'iode radioactif font que la thyroïde capte l'iode 131 dans le sang, et l'atome instable va causer des dommages à la thyroïde, avec des rayonnements Bêta, qui vont modifier l'ADN des cellules, en créant des mutations dans la séquences de nucléotides (insertion, délétion ou substitution de nucléotides dans la séquence d'ADN) qui modifient complètement le comportement des cellules, ce qui peut amener à un cancer.


     Voici un graphique montrant l'évolution des cancers de la thyroïde en Ukraine et en Biélorussie en fonction du temps. (Taux d'incidence sur 100 000 Ukrainiens ou Biélorusses qui étaient enfants ou adolescents au moment de l'accident.)

(cliquez pour agrandir)
     On voit une nette augmentation à partir de 1989. ainsi, les enfants développent le cancer en grandissant. Encore une fois, même si les adultes sont aussi touchés, ce sont les enfants qui sont le plus touchés. En effet, les enfants sont plus fragiles de ce côté que les adultes. Ainsi, des vaches contaminées à l'iode 131 vont fournir du lait contaminé, qui va être donné aux enfants en bas âge et provoquer ainsi chez eux l'apparition de maladies graves. Aujourd'hui encore, près du site, les nouveaux-nés ont plus de chances d'avoir des problèmes dus à la radioactivité durant leur vie que des nouveaux-nés vivant dans des zones non contaminées.


          C) Les personnes directement exposées


     Chez les personnes directement exposées, comme les pompiers venus éteindre le feu,  les employés de la centrale et les premiers liquidateurs, on observe beaucoup de syndromes de radiation aiguë, c'est à dire des brûlures externes très graves, ce qui explique le fait que ces personnes mourront seulement quelques jours après l'accident.
     En outre, on observe chez les liquidateurs, hormis les effets constatés ci-dessus, des autres cancers comme les leucémies, ou les cancers de la vessie.




     Comment les pays ont-ils réagi face à ce nuage?



3) Un problème à l'échelle internationale

     Le nuage a été porté dans toute l'Europe, quasiment tous les pays européens sont concernés. L'animation ci-dessous montre le déplacement du nuage dans l'Europe du 26 avril au 9 mai. L'intensité des radiations est représentée par des tons de couleurs.


          A) La gestion de l'accident par les trois pays les plus touchés

      Nous commencerons par voir comment l'accident a été géré par les trois pays les plus touchés, c'est à dire l'Ukraine, la Biélorussie et la Russie. Il faut d'abord savoir qu'avant 1991, l'URSS était encore présente, donc l'accident a d'abord été géré par les soviétiques.
      L'URSS a voulu minimiser les dégâts, tout en sacrifiant des hommes jeunes, les futurs liquidateurs.
      Ensuite, les trois pays ont eu la même stratégie de gestion : minimiser. En accord secret avec les organisations nationales, ils ont tout simplement réduit les chiffres mais ceux-ci sont restés important du fait du grand nombre d'atteints. Les estimations des organisations non gouvernementales sont deux à dix fois plus importantes suivant les chiffres. Le CIPR a donné des chiffres 3,5 fois moins important que ceux de la RERF sur les doses moyennes engagées : 125 000 cancers mortels pour la CIPR contre 430 000 selon la RERF

          B) Le mensonge français
  
     En France, quasiment toute la population est au courant du mensonge qui a été adressé à toute la France, et qui disait que la France n'avait pas à se soucier du nuage, et aucune protection n'était nécessaire. Voici une chronologie des événements importants:

- En 1956: création du Service Central de Protection contre les Rayons Ionisants (SCPRI), et la direction est attribuée au Professeur Pierre Pellerin.
- Samedi 26 avril 1986: Catastrophe de Tchernobyl
- Mardi 29 avril 1986: Le nuage radioactif arrive en France
- Mercredi 30 avril 1986: le Pr. Pellerin toujours à la tête du SCPRI affirme qu' « aucune élévation significative de la radioactivité n'a été constatée »
- 1er mai: quasiment toute la france est touchée, et les installations détectent un fort taux de radioactivité, le Pr. Pellerin a été alerté.
- 2 mai: Le Pr Pellerin dit de ne prendre aucune précaution, qu'il faudrait des doses 10 000 à 100 000 fois plus importantes pour s'inquiéter, alors que tous les pays prennent des mesurs, et ferment leurs frontières aux produits contaminés de la France.
- 6 mai: Le ministère français de l'Agriculture diffuse un communiqué "historique" : "Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides consécutives à l'accident de la centrale de Tchernobyl"
- 10 mai: Au Journal télévisé de TF1, le Pr Pellerin finit par avouer que les mesures de radioactivité étaient anormales dès le 30 avril. Mais il continue de prétendre qu’aucune décision particulière n’était nécessaire.
- 15 mai: création de la Commission de Recherche et d'Informations Indépendantes sur la Radioactivité (Criiad) par des citoyens mécontents.
- 16 mai: Le ministre de l'intérieur de réagit pas face à du lait de brebis corse contenant 10 000 becquerel par litre alors que la réglementation européenne préconise de retirer les aliments présentant plus de 500 becquerel par litre. Le ministère de la santé quant à lui diffuse un communiqué invraisemblable: le ministère de la santé diffuse un invraisemblable communiqué : "La santé publique n'est aucunement menacée par les conséquences de l'accident de Tchernobyl. Les activités courantes peuvent donc être poursuivies sans précautions particulières, notamment l'alimentation et les activités de plein air."

     Les personnes impliquées dans cette sombre affaires vont ensuite connaître des problèmes à cause de ces mensonges, certains vont porter plainte contre X.

     Voici une carte montrant le taux de Césium radioactif apporté par le nuage en France:




      On voit donc que la France a très mal réagi face à cette catastrophe, et cela a eu quelques incidences chez certaines personnes. Mais la France a quand même été peu touchée, et on ne peut pas totalement lier les cancers de la thyroïde en France à Tchernobyl.

          C) La gestion de la crise par les autres pays européens

     Lors de la contamination des sols de nombreux pays européens par le nuage radioactif libéré par Tchernobyl, les différents pays ont tenté de prendre des mesures d’urgence afin de protéger la population. Ainsi selon Le Monde « la plupart des pays européens avaient suspendu la consommation de lait et de légumes verts ». En Allemagne par exemple, les autorités du Bade-Wurtemberg ont exigé la destruction des champs d'épinard par labour et lorsque les autorités suisses ont recommandé de bien laver les épinards frais, plus personne en Suisse ne consomma d'épinards frais. Si les Etats européens ne savaient pas précisément comment réagir, l’incitation à la prudence et l’indication de quelques conseils alimentaires ont permis de rassurer un peu les populations et d’éviter un empirement des contaminations importantes à une échelle européenne.

          D) La gestion de la crise par les instances internationales

Les organisations internationales, majoritairement représentées par l'AIEA et l’OMS n’ont pas émis de consignes claires et précises quant aux mesures a prendre face aux risque de contamination des sols européen par le nuage radioactif, ils se sont contenté d’alerter les Etats que le nuage radioactif allait s’étendre vers le reste de l’europe en laissant les Etats gérer cette crise comme ils avaient laissé les pays limitrophes se débrouiller face à la menace radioactive.