Tchernobyl : Son impact



INTRODUCTION: Tchernobyl, ou la plus grande catastrophe du nucléaire civil



La tristement célèbre centrale de Tchernobyl est une centrale nucléaire située en Ukraine à 20 kilomètres au sud de la frontière biélorusse. La centrale, entièrement arrêtée depuis la fin de l'année 2000 est composée de quatre réacteurs de type RBMK (réacteur à eau bouillante avec du graphite comme modérateur) propres aux pays de l'URSS. Les réacteurs RBMK sont définis par la Société Française de Physique; nous retiendrons qu'ils présentent de nombreux défauts de sécurité par rapport aux réacteurs REP (Réacteurs à Eau sous Pression) utilisés par les européens. En effet, les réacteurs RBMK sont instables à faible puissance et les barres de sécurité qui stoppent les réactions sont très lentes (20 secondes de temps d'insertion contre seulement 2 pour les REP). De plus, l'installation ne comporte pas d'enceinte de sécurité pour retenir la radioactivité à l'intérieur du réacteur. Ces nombreux problèmes de conception ont été la base de la catastrophe de Tchernobyl.







On peut également considérer les circonstances politiques de l’accident comme des facteurs de la catastrophe. En effet l’URSS était alors en guerre froide et menait une politique de chiffres où la production était valorisée au détriment des consignes de sécurité, les dirigeants de production étant choisis pour « leur volontarisme militant, qui consistait d'abord et avant tout à remplir et dépasser le plan de production, nonobstant le respect des normes de construction ou de sécurité »  de même que « le personnel manquait aussi manifestement de formation et sa "culture de sûreté" était pratiquement inexistante. » 
L’accident de Tchernobyl a pour conséquence directe une série d’erreurs et de non respect des consignes de sécurité lors d’ « une expérience nucléairement dangereuse » sur le réacteur n°4. L’expérience consistait à tester l'alimentation électrique de secours qui permet au réacteur de fonctionner en toute sécurité pendant une panne de courant, la centrale disposait d’une alimentation électrique de secours en cas de panne d’électricité composée de générateurs diesel mettant 15 secondes pour se mettre en marche et de 60 à 75 secondes pour atteindre leur puissance maximale. Pendant ce laps de temps, les ingénieurs voulaient utiliser l’énergie cinétique du turbo-alternateur pour relancer les pompes de circulation primaires. « Le protocole de l'expérience avait été soumis par la direction de la centrale atomique de Tchernobyl au ministère, au constructeur en chef et au responsable scientifique du réacteur. N'ayant pas reçu de réponse positive écrite, la direction de la centrale de Tchernobyl prit malgré tout la décision d'effectuer le 25 avril 1986 les expériences prévues ». Suite à une succession d'erreurs d'interprétation des signaux d'alerte de la centrale et un entêtement à poursuivre l'expérience dans lequel nous noterons que « le respect de la hiérarchie avait annihilé tout sens critique de la part des responsables du pilotage du réacteur qui ont donc exécuté les ordres d'un responsable d'essais électriques ignorant des règles de sûreté nucléaire » .


            Face à la possibilité de telles entorses aux normes d'utilisations des centrales à fission nucléaire et à la conséquence dramatique qu'elles ont eu dans le cas étudié, on peut se demander pourquoi un tel accident ne remet pas en cause le nucléaire civil.